La danse macabre du Petit-Bâle (Kleinbasel) |
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Outre la peinture murale du cimetière du couvent des Dominicains, Bâle possédait une seconde danse macabre dans le couvent des soeurs Augustines, dans le district de Klingenthal. Cette œuvre est connue sous le nom de "danse macabre du Petit-Bâle" (Kleinbasel). La ville de Bâle est construite à cheval sur le Rhin. À l'époque, la rive gauche - la plus populeuse et la plus aisée - accueillait les bâtiments de l'administration publique et la célèbre danse macabre du cimetière du couvent des Dominicains. La danse macabre du Petit-Bâle, elle, était située sur la rive droite, dans le quartier industriel. Réalisée au milieu du 15e siècle, l'œuvre a disparu en 1860, dans l'effondrement des murs du couvent qui l'abritait. Les soeurs Augustines avaient quitté les lieux en 1559. Depuis, la danse macabre était à l'abandon, le couvent servant d'entrepôt et de cuisine militaire. Certaines sources croient que la danse macabre du Petit-Bâle est antérieure à celle du Grand-Bâle, créée en 1440. Cependant, la plupart des spécialistes estiment qu'elle aurait été peinte entre 1450-60, sur le modèle de sa "grande soeur". Les deux danses macabres présentent en effet d'importantes similitudes, si l'on peut se fier aux gravures de Mattheus Merian, qui a reproduit l'œuvre la plus ancienne en 1616. Entre autres: - les deux montrent un ossuaire (bien qu'aucune scène de Jugement dernier ne soit peinte sur le fronton de celui de Petit-Bâle); - le nombre de figurants est le même, tout comme les classes sociales représentées, à part quelques exceptions; - plusieurs personnages sont présentés avec la même gestuelle. Les deux peintures murales diffèrent toutefois sur quelques points. Celle du Grand-Bâle présente un prédicateur (juste avant l'ossuaire). Celle du Petit-Bâle se distingue en introduisant une scène de crucifixion dans la deuxième partie de la farandole. C'est un détail plutôt rare dans les danses macabres, qu'on retrouve aussi à Berlin et Pinzolo. Une autre différence significative? La séquence des personnages. Dans la danse macabre du Petit-Bâle, cinq vivants suivent le roi : cardinal, patriarche, archevêque, duc, évêque. Dans la danse macabre du Grand-Bâle, cette même séquence comprend deux personnages féminins: reine, cardinal, évêque, duc et duchesse. Au Petit-Bâle, c'est une nonne qui remplace le marchand ambulant et les deux dernières places dans la farandole sont occupées par un enfant et par une mère plutôt que par un peintre, par sa femme et son enfant. Pour plus de détails sur la danse macabre du Grand-Bâle et ses diverses restaurations, voir la section à cet effet.
La seule reproduction connue de la danse macabre du Petit-Bâle provient d'Emanuel Büchel, qui a commencé à la copier en 1766. Déjà à cette époque, certains personnages (ermite, héraut, nonne, paysan, enfant) avaient disparu à cause du perçage de fenêtres. Au début de ses travaux, Büchel croyait que la danse macabre datait de 1312, puisqu'un chiffre semblable apparaît près du personnage du comte. Cette erreur a été reprise dans les livres d'art jusqu'au 19e siècle! Pourtant, quelque temps après, Büchel avait reconnu s'être trompé: le chiffre correspondait plutôt à 1512 - sans doute la date d'une possible restauration. Il faut, cependant, s'interroger sur cette hypothèse. Pourquoi cette danse macabre peu connue de la population aurait-elle été restaurée moins de 50 ans après sa création, alors que celle du Grand-Bâle a attendu plus d'un siècle avant de l'être?
Références
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