La Dança general |
![]()
|
|||
Copyright (textes) |
L'Espagne ne possède pas de peintures murales dédiées à la danse macabre classique (farandole avec alternance de vivants et de morts). Il existe toutefois quelques exemples qui
s'en approchent, malgré d'importantes différences avec le thème. Il s'agit de : Ce qui distingue vraiment l'Espagne des autres pays, c'est sa tradition macabre dans le domaine littéraire. En effet, elle a donné naissance à deux œuvres importantes : la Dança general dont la date de publication est sujette à débat, ainsi qu'une refonte allongée parue en 1520. Dança general Un des arguments avancés pour défendre l'hypothèse d'une création postérieure à la danse macabre de Paris est la présence avant le poème d'un prologue (Prologo en Trasladaçion) qui démontre que l'auteur demeure anonyme, se voulait l'adaptateur d'une œuvre antérieure. La peinture murale parisienne est actuellement considérée par plusieurs comme la première du genre. La plus ancienne des deux danses macabres littéraires espagnoles, laDança general comporte 34 personnages. Avant leurs dialogues avec la Mort, il y a :
La Dança general comporte 22 des 30 personnages de la danse macabre de Paris de 1424 (selon l'édition de 1485 de Guyot Marchand). Elle en introduit 12 nouveaux (en gras dans l'énumération ci-dessus). Certains sont typiquement hispaniques, comme le santero, le rabbin et le faqîh. L'inclusion de représentants des religions chrétienne, juive et musulmane illustre bien la réalité de l'Espagne d'avant 1492, soit la coexistence (Convivencia) des trois religions dans un climat de paix relative propice aux échanges culturels. Autre trait singulier : cette danse macabre se termine avec la Mort qui s'adresse à la foule, une série de personnages à la classe sociale indéterminée. Cette particularité se trouve également dans le manuscrit de Heinrich Knoblochter. Dans le texte principal de la Dança general, le vivant s'adresse d'abord en huit vers à la Mort pour plaindre du sort qui l'attend. Celle-ci réplique au vivant en sept vers, le huitième servant à appeler un nouveau personnage dans la danse. Le pape, lui, est interpellé dans l'introduction lors de l'avertissement de la Mort à deux demoiselles. Les danses macabres de Lübeck et de Tallinn présentent également les dialogues de cette façon. La Dança general est reconnue pour son ton ironique et sarcastique. L'auteur y dénonce la vanité du monde et la corruption qui règne à la fois dans la société civile et religieuse. Par exemple, la Mort sermonne l'empereur au sujet des trésors qu'il a accumulés lors de ses guerres et qui dorénavant ne lui servent à rien; elle reproche au cardinal d'avoir fomenté des troubles dans le but de devenir pape; elle accuse l'abbé d'avoir gardé de la nourriture dans sa chambre sans la partager avec les membres de sa congrégation; elle s'en prend à la vanité de l'écuyer, qui appelle ses amantes à l'aide, en l'assurant qu'elles seront dégoûtées par sa nouvelle apparence; elle se moque du médecin qui se désole d'avoir suivi les principes d'Avicenne qui promettait une longue vie aux abstèmes, elle retient le percepteur qui persiste à vouloir recouvrer les impôts; et elle traite le sacristain de misérable qui présentait des cadeaux à ses maîtresses. Parmi les diverses classes sociales portraiturées, seules celles représentant le moine, l'ermite et le paysan échappent dans une certaine mesure aux paroles accusatrices et au ton sarcastique de la Mort. Le poète de la Dança general se montre donc aussi sévère au sujet de l'âme humaine que les auteurs de la danse macabre de Paris et du manuscrit imprimé par Heinrich Knoblochter. Dança general de la muerte (1520) Cette version étendue de la danse macabre n'est pas perçue comme une œuvre aussi poétique que la version d'origine. L'auteur est inconnu. À notre connaissance aucun exemplaire de cette édition de 1520 n'a survécu. Le texte nous est parvenu, car il a été recopié au 19e siècle par Isidoro Lozano dans un livre traitant de littérature espagnole (Historia y crítica de la literatura española). Références Whyte, Florence. The Dance of Death in Spain and Catalonia. Arno Press. 1977 Saugnieux, Joël. Les danses macabres de France et d'Espagne et leurs prolongements littéraires. E. Vitte. 1972
|