La danse macabre
de Suède

détail danse macabre de Ronneby

 

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1996-2018 © Patrick Pollefeys

La Suède possède deux danses macabres, toutes deux peintes au 16e siècle en Scanie (province rattachée au Danemark jusqu'en 1658). La plus ancienne, à Malmö, présente certaines figures en mauvais état. La seconde, à Ronneby, est presque entièrement effacée.

Malmö

église de MalmöLa danse macabre de Malmö aurait été peinte entre 1510 et 1525. Elle se trouve dans la chapelle des artisans de l'église Saint-Pierre (image ci-contre). Les murs et le plafond de la Krämarekapellet sont couverts de fresques, malheureusement effacées par le temps en certains endroits. (Merci à Martin Hagstrøm pour les photographies1.)

Cette danse macabre possède une autre forme que celle, traditionnelle, de la farandole continue. Six couples mort-vivant encadrent les trois fenêtres de la chapelle. Les vivants montrent un air résigné, alors que les cadavres ont une attitude plutôt joviale. Au-dessus d'eux, des banderoles aux inscriptions aujourd'hui illisibles.

Première fenêtre (mur ouest)
- Du côté gauche de la fenêtre, le couple est presque entièrement effacé. Il en reste seulement une tête coiffée d'une tiare et le haut d'une croix à deux branches. Il s'agit donc du pape. La Mort qui l'accompagnait a entièrement disparu.
- Du côté droit, un cadavre joue de la musique pendant qu'un serpent entre par sa bouche et sort par une de ses orbites! Le vivant qui l'accompagnait est entièrement effacé. Si on respecte la règle de l'alternance religieux-laïc, on peut supposer que ce deuxième danseur est l'empereur. Mais il se pourrait aussi qu'il s'agisse du cardinal.

Deuxième fenêtre (mur nord)
- D'abord apparaît l'évêque. Un cadavre le tient par les épaules. Celui-ci est particulièrement repoussant, avec des serpents qui émergent de ses entrailles ou de sa bouche.
- De l'autre côté de la fenêtre, une figure élégamment vêtue, coiffée d'une couronne et munie d'un sceptre: c'est le roi. Le cadavre qui l'accompagne porte aussi une couronne. L'exécution de ce couple - surtout la posture de la Mort, qui donne une vive impression de mouvement - montre bien que cette danse macabre est l'oeuvre d'un artiste talentueux.

Troisième fenêtre (mur nord)
- Seul personnage féminin de cette danse macabre, la reine semble résignée à son sort, comme les autres personnages. Elle est accompagnée d'un cadavre qui tient un sablier entre ses mains.
- Le dernier vivant pose un problème d'identification. Il est richement vêtu. S'agirait-il d'un noble ou d'un duc? Le torse des deux personnages est manquant.

Ronneby

église de MalmöLa danse macabre de Ronneby, située dans l'église de la Sainte-Croix, aurait été peinte en 1586. De nos jours, elle est presque entièrement effacée. On compte une dizaine de vivants, mais à l'origine, la farandole devait en compter davantage. À part quelques exceptions, il n'est pas possible d'identifier avec précision la classe sociale des danseurs. Comme ce sont des squelettes qui accompagnent les vivants, on peut penser que l'artiste possédait de solides connaissances techniques en peinture (les squelettes exigeant plus de doigté et de compréhension de l'anatomie que les corps décharnés). Les images de cette danse macabre proviennent de l'excellent site d'Axel Bolvig2.

- Photo 1 : Le premier personnage visible porte un chapeau avec une plume; le second est une femme vêtue d'une longue robe, que guette un squelette posté derrière elle.
- Photo 2 : Un personnage indéfini est suivi d'une silhouette portant une longue robe brune. Ensuite apparaît l'inscription "Nun": il devait donc se trouver une nonne à cet endroit.
- Photo 3 : Les deux premières silhouettes, drapées dans de longues robes noires, précèdent un homme avec un chapeau vert et une épée.
- Photo 4 : C'est la partie la mieux conservée de cette danse macabre. Un squelette accompagne une femme qui, en essuyant une larme sur sa joue, regarde vers la droite; le second vivant, un homme, porte le regard dans même direction. Au-dessus du couple, cette inscription: Bonde oc Bondequinde, soit "paysan et paysanne". Après un autre squelette vient le dernier vivant. Celui-ci n'est plus visible, mais d'après l'attitude des deux personnages précédents, on peut déduire qu'il s'agissait d'un enfant.


Références
1 Les danses macabres en Scanie (en anglais).
2 Les peintures murales au Danemark (en danois et anglais).