La danse macabre
de Pinzolo

Détail fresque Clusone

 

Copyright (textes)
1996-2018 © Patrick Pollefeys

Dans la ville de Pinzolo, sur l’un des murs extérieurs de l'église St-Vigile, se trouve une très intéressante danse macabre. Cette peinture murale date de 1539. Elle est l'oeuvre de Simone Baschenis, qui a aussi réalisé la danse macabre de Carisolo, un village des Alpes italiennes situé à quelques kilomètres de là.

Église St-Vigile, Pinzolo

La danse macabre de Pinzolo débute avec trois morts musiciens : le premier, bien assis, joue de la cornemuse, tandis que les deux autres se tiennent debout et soufflent dans des trompettes. Suit une représentation du Christ en croix – un motif assez inusité, mais pas unique, puisqu’on le retrouve aussi dans la danse macabre de Berlin. À Pinzolo, le Sauveur est transpercé par une flèche que vient de tirer la Mort, qui se tient à cheval à l’extrémité droite du tableau. Les dix-huit personnages de la danse macabre sont aussi touchés, à l'exception du roi et l'enfant. D’abord vient le pape, suivi du cardinal, de l'évêque, du prêtre, du Franciscain, de l'empereur, du roi, de la reine, du duc, du médecin, du chevalier, de l'usurier, du jeune homme, du mendiant, de la religieuse, de la noble dame, de la vieille et finalement de l'enfant. La fresque se conclut avec le mort archer et l'archange saint Michel combattant le démon. Au-dessous de chacun des couples de cette danse macabre est calligraphié un texte dans lequel les morts s'adressent aux vivants.

Pinzolo partie 1Pinzolo partie 2Pinzolo partie 3Pinzolo partie 4Pinzolo partie 5Pinzolo partie 6Pinzolo partie 7Pinzolo partie 8Pinzolo partie 9Pinzolo partie 10

Les danseurs manquent d’entrain. Dépourvus d’allant, les vivants semblent figés et les squelettes bougent aussi timidement que s’ils souffraient d’arthrite. Les morts sont représentés avec divers objets symboliques (sablier, pioche, pelle) ou des banderoles sur lesquelles sont inscrites de courtes phrases. Remarquez le squelette-enfant qui clôt la farandole : une curiosité!

Comme dans bien d'autres danses macabres, la hiérarchie sociale n'est pas vraiment respectée. Ainsi la religieuse et la noble dame se retrouvent derrière le mendiant! En gros, les ecclésiastiques, les laïques et les personnages féminins sont séparés dans des catégories distinctes. Cependant on retrouve la reine aux côtés du roi et non dans le groupe des femmes, tandis que la religieuse voisine des représentantes du sexe faible, au lieu de ses collègues ecclésiastiques. De toute évidence, Baschenis s’est quelque peu embrouillé dans sa tentative de classer logiquement ses personnages.