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Cette danse macabre aurait été commandée après l'épidémie de peste qui frappa la ville au milieu du 14e siècle. Elle se trouvait dans l'église Ste-Marie. La peinture fut peinte en 1463 par Bernt Norke sur canevas (contrairement à l'usage, ce n'était pas une fresque). Elle fut remplacée en 1701 par une peinture à l'huile sur canevas, réalisée par Anton Wortmann, une reproduction d'ailleurs assez fidèle à l'original. Malheureusement, la danse macabre de Lübeck fut détruite lors du bombardement de la ville en 1942. C'est grâce à d'excellentes photos en noir et blanc que l'on en conserve aujourd'hui un témoignage. Diverses reproductions ont aussi été réalisées au fil des ans. L'une d'entre elles est l'oeuvre de C.J. Milde, un peintre qui a restauré la danse macabre de Lübeck au milieu du 19e siècle. Vous pouvez visionner les huit panneaux couleur en cliquant ce lien.
Parallèlement à la danse macabre de Lübeck, Bernt Nokte peignit une autre danse macabre à Tallinn, en Estonie. C'est d'ailleurs cette dernière qui nous permet de conclure que la reproduction de Wortmann est fidèle à l'originale, car il existe de nombreux points communs entre les deux danses macabres (voir la danse macabre de Tallinn).
Cette danse macabre est souvent considérée comme la plus vieille d'Allemagne, mais bien à tort, puisque la fresque du cloître Wengen à Ulm lui est antérieure d'une vingtaine d'année. Cependant, avant sa destruction, la fresque macabre de Lübeck était la plus célèbre et la plus belle du pays. Elle était composée de 24 personnages entraînés dans une farandole par des corps décharnés vêtus de linceul. À l'arrière-plan, on apercoit un paysage bucolique et, au loin, la ville de Lübeck avec son port.
La danse débute avec un Mort coiffé d'un chapeau et jouant de la flûte. Puis un Mort portant un cercueil entraîne le pape dans la danse en tirant sur sa toge. D'autres personnages suivent: l'empereur, l'impératrice, le cardinal, le roi, l'évêque, le duc (détruit en 1799), l'abbé, le chevalier, le chartreux, le maire, le
chanoine, le noble, le médecin, l'usurier, le chapelain, le fonctionnaire, le sacristain, le marchand, l'ermite, le paysan, le jeune homme, la jeune fille et l'enfant dans son berceau. Ce dernier est accompagné par un Mort qui tient une faux (peu visible étant donné l'angle dans lequel la photo a été prise). Quatorze laïcs et dix membres du clergé se partagent
l'espace. Comme à l'habitude, le pape se reconnait façilement à sa tiare, l'évêque à sa mitre et à sa crosse, le noble à son faucon, le médecin à son flacon d'urine, etc. Cependant l'usurier n'est pas représenté avec l'homme pauvre, comme par exemple dans la danse macabre de Paris, mais seul avec sa bourse. Les vivants ne suivent pas vraiment la procession; ils se tiennent droits et font face aux spectateurs. Le texte qui accompagne cette danse macabre débute avec quatre vers prononcés par la Mort, suivis de la réplique du vivant. Le texte original, en bas-allemand, a lui aussi été modifié lors de la restoration de 1701 pour faire place à des vers en haut-allemand. Grâce à une transcription exécutée par le pasteur de l'époque, Jakob Melle, on possède une partie du poème original. Quant aux vers en haut-allemand, ils ont été copiés dans leur intégralité.
Pour remplacer la perte de la danse macabre, l'un des joyaux de la ville, Alfred Mahlau a créé en 1955-56 deux vitraux sur le même thème qu'on peut admirer dans le transept nord de l'église. Le premier vitrail présente un Mort joueur de flûte; la danse débute avec le pape suivi de l'empereur, l'impératrice, le roi, le maire, le marchand, le fonctionnaire, le noble et le chevalier. Le second vitrail commence avec un Mort portant un cercueil, suivi par le médecin, l'usurier, le chartreux, l'ermite, le paysan, le sacristain, le jeune homme, la jeune fille et finalement l'enfant dans son berceau. La partie inférieure de chacun des vitraux montrent la ville de Lübeck en flamme. On retrouve seulement 18 personnages (le cardinal, l'évêque, le duc, l'abbé, le chapelain et le chanoine ont été omis). Deux scènes sont particulièrement touchantes dans cette oeuvre. Alors qu'un Mort tire le bébé hors de son berceau, un autre, à genoux, s'enfouit le visage dans ses mains. Dans la scène précédente la Mort, qui veut entraîner la jeune fille, est retenu par le jeune homme qui tient son bras. Admirez les vitraux dans leur intégralité en cliquant ici (attention: fichier volumineux, mais remarquable)
Il existe un autre site intéressant sur la danse macabre de Lübeck. Il a été réalisé par Martin Hagstrøm. Le site est ne anglais et en danois. Cliquez ici pour la version anglaise.
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