Suède

Les murs de l'église d'Estuna (province d'Uplande) sont ornés de peintures murales datant de 1463¹. Elles dépeignent plusieurs scènes de la tradition biblique comme l'arche de Noé, Moïse et le buisson ardent ainsi que Saint-George combattant le dragon. On y trouve également une représentation de la légende des trois vifs et des trois morts des plus singulières (Legenden om de tre levande och de tre döda). Elle se distingue des autres œuvres du genre par le fait que deux des trois morts chevauchent des bovins. Ils sont armés de pelles et poursuivent les trois vivants. Ces derniers sont couronnés (commes les morts) et présentés comme des rois. Ils se sauvent de leurs tourmenteurs. Le premier cavalier tient toujours son faucon, le second détourne le regard et pointe les trois morts, et, le troisième perd sa couronne alors que son cheval se cabre. Cette peinture murale d'Etsuna semble être un exemple unique où le thème de la rencontre des trois morts et des trois vifs est croisé avec celui de la Mort chevauchant un bovin.

La Mort équestre est un motif traditionnel dans l'art macabre. Par exemple, elle figure parmi les quatre cavaliers de l'Apocalypse (ex : la gravure de Dürer) et dans certains triomphes de la Mort comme celui de Brueghel. La représentation de la Mort chevauchant un bovin⁴ n'est pas unique à Etsuna. Elle est illustrée dans plusieurs livres d'heures de la moitié 15^e siècle tel ceux de Croÿ² et d'Alphonse d'Aragon³. Elle se trouve aussi dans quelques peintures murales, comme à Højby au Danemark et à Biskopskulla en Suède, où elle est armée d'une pelle comme à Etsuna. Dans la plupart des exemples, la Mort poursuit un cavalier. Par contre, dans le livre d'heures de Croÿ, elle a occis un jeune noble en le transperçant de sa lance.

La Mort chevauchant un bovin peut paraître comme une association des plus étranges. Il existe pourtant un duo encore plus pittoresque, soit la Mort chevauchant un crocodile⁵! Cette image se trouve dans un recueil du poète hollandais Jacob Cats (1618).