Cinq pamphlets allemands
illustrant une ronde macabre

ronde macabre (détail)

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1996-2018 © Patrick Pollefeys

Avec la naissance de l'art de l'imprimerie, qui contribua beaucoup à populariser les danses macabres, le motif de la danse perdit en importance. Le format du livre ne permettait pas l'illustration de longues chaînes de personnes. Il sépara donc la farandole en couple, chacun composé de la Mort et d'un humain. Ce changement formel conduisit naturellement à une révolution de l'idée originale : mourir devint un acte individuel, remplaçant la mort collective autrefois représentée par la farandole. La suite de gravures de Holbein le Jeune fut décisive à ce stade d'évolution de la danse macabre.

Alors que Holbein optait pour le format du livre, d'autres artistes choisirent le pamphlet afin d'illustrer une ronde macabre. Le premier exemple connu du genre, signé par Paulus Fürst, a été publié entre 1635 et 1666. Ces gravures présentent douze médaillons encadrant un tableau central. On y trouve les représentants masculins des différentes classes sociales en interaction avec la Mort. Dans l'ordre des aiguilles d'une montre se succèdent le pape, l'empereur, le roi, le cardinal, l'évêque, le duc, le comte, le gentilhomme, le bourgeois, le paysan, le mendiant et le soldat ainsi que le fou et l'enfant. Dans les quatre coins de l'image centrale sont illustrées des scènes de la Bible : en bas à gauche, le péché originel; en bas à droite, des damnés en Enfer; en haut à gauche, la crucifixion; en haut à droite, les justes au Paradis. Au centre, dans un vaste champ bordant une petite église et un cimetière, on peut voir les femmes qui incarnent les diverses classes sociales, de l'impératrice jusqu'à la folle. Elles forment une ronde, représentation extrêmement rare de la danse macabre, qui est généralement illustrée comme une farandole.

Ces pamphlets se ressemblent tous, mais de petits détails permettent de les distinguer les uns des autres, surtout par le texte.
- Paulus Fürst (publié entre 1635-1666) : Le texte accompagnant les médaillons oscille entre le latin et l'allemand.
- Maître J.W. (publié dans la seconde moitié du 17e siècle) : Le texte est uniquement en allemand, avec une calligraphie latine.
- Artiste inconnu (publié dans la seconde moitié du 17e siècle) : Le texte est uniquement en allemand, en caractères gothiques.
- Les héritiers de Johann Peter Wolff (publié dans la première moitié du 18e siècle) : Cette oeuvre est en couleur. Le texte est uniquement en allemand, en caractères gothiques.
- Johann Elias Ridinger : Le texte est en latin et en allemand, comme dans l'oeuvre de Paulus Fürst. Par contre, la classe sociale du vivant ne se trouve pas identifiée dans le médaillon, mais plutôt dans le bandeau situé dessous.

Ces gravures ont inspiré bien des artistes polonais, qui ont peint des tableaux dans le style de la ronde macabre. Le plus connu est celui qui se trouve au monastère des Pères Bernardins, à Cracovie.


Références

Koutny Aleksandra. 2005. Dancing with Death In Poland.Print Quarterly (vol.22 no.1. P.14-30)